Royaume-Uni

Synthèse énergétique et impact sur le climat

15 graphiques commentés pour comprendre le système énergétique allemand, son évolution et son impact sur le climat et positionner le pays par rapport au Monde et à l’Europe (UE+UK). 

Avec l’identité de Kaya pour guide.

Cela fait beaucoup de graphiques mais c’est nécessaire pour obtenir une vue complète de l’énergie, de sa transition et de son impact sur le climat et pour comprendre les interactions et les leviers d’action pour la transition énergétique. 

Il ne faut pas hésiter à sélectionner les plus pertinents pour votre bonne compréhension selon l’attention portée à l’énergie en général, à l’électricité ou au CO2. N’hésitez pas à décharger la version PDF pour avoir une vision globale et choisir ensuite les graphiques qui vous seront les plus utiles.

ÉCONOMIE

PIB par habitant

Constats-clés

  • le PIB par habitant a été multiplié par 2,4 en 50 ans
  • le PIB britannique par habitant était 3,7 fois plus élevé que la moyenne mondiale en 1970, ce rapport est passé à 3,9 fois en 2022
  • l’écart par rapport à l’UE+UK s’est légèrement réduit (+18% en 2022 contre +24% en 1970)
  • le PIB français par habitant était égal au niveau britannique en 1970. Il est aujourd’hui inférieur de 6%
  • la démographie britannique a été assez dynamique : la population allemande a augmenté de 20,3% de 1970 à 2022 contre 23% pour l’UE+UK et 31% pour la France.

ÉNERGIE

Consommation d’énergie primaire

Constats-clés

  • la consommation totale d’énergie primaire britannique a baissé régulièrement depuis 2007 (en 2022 -19% depuis 1990 année de référence du Protocole de Kyoto)
  • la consommation d’énergie fossile a baissé nettement plus fortement (en 2022 -34% depuis 1990)
  • la quasi disparition du charbon et la montée rapide en importance caractérisent l’évolution récente (depuis 2015) 
  • on signalera que le Royaume-Uni poursuit l’exploitation de ses réserves fossiles et octroie de nouveaux permis pétroliers. La production est certes en baisse mais le Royaume-Uni reste le  2ème producteur de pétrole et de gaz en Europe après la Norvège. 

Intensité énergétique du PIB

Constats-clés

  • avec 58 tep (tonnes-équivalent-pétrole) par million de US$2020 l’intensité énergétique du PIB britannique est en 2022 73% inférieure à l’intensité mondiale
  • elle est inférieure de 27% à celle de l’UE+UK
  • de 1990 à 2022 elle a diminué de 54% plus de 1,8 fois plus vite qu’au niveau mondial (la baisse mondiale n’est que de 30%)
  • en 2022  elle est inférieure de 17% à celle de la France et de 43% à celle de la Belgique
  • la transition énergétique (« Energiewende ») a fait de l’efficacité énergétique un axe majeur
  • la désindustrialisation et la forte tertiarisation de l’économie britannique sont déterminants dans la performance énergétique relative du Royaume-Uni mais aussi des politiques soutenues d’efficacité

Mix énergétique

Constats-clés

  • le mix énergétique du Royaume-Uni a évolué considérablement de 2001 à 2022
  • la part des énergies fossile est descendue de 87% à 75%, le recul portant essentiellement sur le charbon qui a quasi disparu du système énergétique
  • la progression des énergies décarbonées est exclusivement le fait des nouveaux renouvelables (19% du total en 2022 contre à peine 1% en 2001 et 4% en 2011)
  • la part du nucléaire a décru de 9,4% en 2001 à 5,9% en 2022
  • l’objectif du « White Paper on Energy » de 2007 qui fixait un objectif de 20% d’énergie primaire renouvelable en 2020 a été presqu’atteint 
  • l’objectif annoncé est d’atteindre 40% de renouvelables en 2030 en s’appuyant fortement sur la transition dans la production d’électricité et sur l’électrification du transport et du chauffage. 

Mix énergétique comparé

Positionnons le mix énergétique du Royaume-Uni par rapport au Monde et à l’Europe (UE+UK).

Constats-clés

  • une proportion élevée de nouveaux renouvelables mais pas d’hydro-électricité (géographie)
  • le poids élevé du gaz en 2022 : le pays est producteur même si le volume produit a été divisé par 3 depuis 200
  • la quasi disparition du charbon
  • un taux de fossiles légèrement supérieur à l’UE+UK (74% contre 72%)
  • une proportion de gaz semblable aux niveaux mondial et européen
  • les nouveaux renouvelables sont plus présents que dans la moyenne UE+UK
  • le nucléaire est moins présent que dans la moyenne UE+UK

Consommation d’énergie finale par secteur

Données pour 2020 (dernière année publiée par l’AIE)

Constats-clés

  • la consommation finale totale est de 1,7 tep par habitant en 2020 contre 2,1 en Europe, 2,0 en France et 1,2 dans le Monde
  • le Royaume-Uni se situe au-dessus ou au niveau de la moyenne Europe dans tous les secteurs
  • c’est particulièrement le cas dans l’industrie ce qui reflète son faible poids dans l’économie du pays
  • l’écart avec l’Europe dans l’industrie s’est accru depuis 2000 (désindustrialisation)
  • en 2000 la consommation finale par habitant dans le résidentiel était supérieure de 23% à la moyenne européenne. En 2020 elle est égale à la moyenne européenne
  • évolution semblable dans le transport : supérieure de 12% à la moyenne européenne en 2000 et inférieure de 4% en 2019 (pas 2020 car impact Covid)

Consommation d’énergie primaire par habitant

Constats-clés

  • diminution régulière depuis 2005 pour descendre à 2,6 tep/habitant en 2020
  • le niveau est inférieur de 14% à la moyenne européenne et inférieur de 12% à la France

ÉLECTRICITÉ

Taux d’électrification

Données de 1971 à 2020 (dernière année publiée par l’AIE)

Constats-clés

  • le taux d’électrification était particulièrement élevé en 1970 et jusqu’à 1990
  • le taux d’électrification de l’énergie finale n’a plus progressé au Royaume-Uni depuis 2010
  • l’impact de l’abondance de gaz (produit nationalement) a particulièrement joué dans le secteur résidentiel mais aussi dans l’industrie
  • il se situe en 2020 au niveau de la moyenne mondiale et de la moyenne UE+UK
  • il se situe en 2020 4,5% en dessous du taux français
  • ce faible taux constitue un handicap dans l’accélération de la transition énergétique

Mix électrique

Constats-clés

  • l’évolution du mix électrique est spectaculaire
  • l’objectif du « Low Carbon Transition Plan » qui fixait en 2009 un objectif de 30% de renouvelables pour l’électricité en 2020 a été dépassé
  • l’élimination du charbon a été très rapide de 2011 à 2022
  • la part du nucléaire a reculé régulièrement, les centrales les plus anciennes étant mises hors service et le nouveau nucléaire progressant lentement (chantier d’Hinkley Point C, projet de Sizewell C)
  • l’objectif annoncé en 2022 est d’atteindre en 2030 95% d’électricité décarbonée dont 85% d’électricité renouvelable.

Mix électrique comparé

Constats-clés

  • une proportion élevée de nouveaux renouvelables par rapport à l’Europe (UE+UK) et au Monde
  • une proportion de nucléaire supérieure à la moyenne mondiale mais inférieure au niveau européen (UE+UK)
  • les sources décarbonées représentent en 2022 56% du total, plus que la moyenne mondiale (38,5%) mais moins que la moyenne de l’Europe (60%)

CLIMAT

Intensité en CO2 de l’électricité

Constats-clés

  • l’amélioration est sensible depuis 2012
  • la substitution du charbon par les nouveaux renouvelables est le moteur de cette évolution
  • la légère remontée en 2021 est due à l’augmentation de consommation post-Covid (plus de gaz) mais aucune conséquence de la guerre en Ukraine ne s’est fait sentir (pas d’augmentation de production à partir charbon malgré la réouverture de 4 centrales à charbon).

Intensité en CO2 de l’énergie

Constats clés

  • jusqu’en 1990 l’intensité carbone de l’énergie primaire britannique était au niveau mondial
  • depuis 1990 la baisse est régulière avec une accélération à partir de 2010 avec la sortie quasi-complète du charbon
  • depuis 2015 le niveau est égal à la moyenne de l’Europe (UE+UK)

Intensité en CO2 du PIB

Constats-clés

  • l’intensité en CO2 du PIB allemand se situe depuis la réunification au niveau de l’UE+UK
  • depuis 1980 une amélioration continue de 3,4% à 3,7% par an est observée
  • divisée par près de 6 en 50 ans et par 2,5 dans les 25 dernières années elle est en 2022 inférieure de 74% à la moyenne mondiale, de 32% à la moyenne de l’Europe (UE+UK)
  • elle est aussi en 2022 6,5 fois moins élevée que celle de la Chine et moins de la moitié celle des USA
  • malgré la faible part de nucléaire elle est au niveau de la France
  • le constat doit cependant être nuancé au vu des importations importantes de CO2 (voir section émissions, importations et consommation de CO2

Emissions, importations et consommation de CO2

Constats-clés

  • les émissions de CO2 d’origine énergétique ont baissé dans l’absolu de 283 MTCO2 de 1990 à 2022 (-47%)
  • le « Low Carbon Transition Plan » fixait en 2009 de réduction  des émissions de CO2 de 34% par rapport à 1990. L’objectif est donc dépassé
  • les importations nettes (dans les biens importés et exportés) ont cependant explosé de 1995 à 2007 : multiplication par 2,5 pour atteindre 193 MTCO2 soit 34% des émissions nationales
  • en conséquence la consommation n’a baissé dans l’absolu que de 220 MTCO2 de 1990 à 2022 (-33% soit quasi l’objectif du « Low Carbon Transition Plan » pour les émissions) 
  • dans le cadre du Protocole de Kyoto le Royaume-Uni s’était engagée à baisser en 2008-2012 ses émissions de GES d’origine énergétique de 12,5% par rapport à 1990. Si l’on intègre les émissions de tous les GES l’objectif a été pratiquement atteint (-12% en moyenne de 2008 à 2012)
  • le Royaume-Uni illustre cependant les limites des engagements basés sur les émissions et non sur la consommation intégrant les importations. En effet la consommation de GES d’origine énergétique n’a diminué en moyenne que de 2% sur la période 2008-2012 par rapport à 1990.

Emissions de CO2 par habitant

Uniquement le COd’origine énergétique (les autres gaz à effet de serre et le CO2 non énergétique ne sont pas repris)

Constats-clés

  • le Royaume-Uni était un gros émetteur historique de CO2 par habitant jusqu’au début des années 2000
  • de 2001 à 2022 la baisse est spectaculaire : – 51%
  • l’indicateur s’établit en 2022 à un niveau inférieur de 20% à la moyenne de l’UE+UK et équivalent à la moyenne mondiale
  • toutefois le niveau de consommation de CO2 par habitant est de 6,7 TCO2/habitant/an en 2022, supérieur de 44% à la moyenne mondiale mais inférieur de 9,5% à la moyenne de l’Europe (UE+UK)

Que retenir ?

  1. le système énergétique du Royaume-Uni s’est fortement décarboné depuis 2000 sous l’effet de la désindustrialisation et d’une politique de transformation énergétique cohérente
  2. l’amélioration de l’efficacité énergétique (résidentiel, transport) est un axe clé de la transformation énergétique 
  3. la sortie quasi-complète du charbon est un deuxième axe clé
  4. cette sortie a été rendue possible par un développement très rapide des nouveaux renouvelables dans la production d’électricité
  5. la part du nucléaire dans les mix électrique et énergétique diminue régulièrement, les nouveaux projets tardant à remplacer les centrales mises hors service
  6. toutefois la très large ouverture commerciale du Royaume-Uni a accru considérablement les importations de CO2
  7. la performance du Royaume-Uni, mesurée à l’aune de la consommation de CO2 (émissions ET importations), est beaucoup moins spectaculaire
  8. simultanément le Royaume-Uni poursuit l’exploitation de ses réserves fossiles en octroyant de nouveaux permis pétroliers
  9. le Royaume-Uni a largement respecté les engagements pris dans le cadre du  Protocole de Kyoto en terme d’émissions. Cependant la performance en terme de consommation nuance ce constat positif
  10. les objectifs de transition pour 2030 sont fort ambitieux en particulier pour le secteur électrique (95% de décarbonés et 80% de nouveaux renouvelables pour la production d’électricité).

© Michel Allé
Décembre 2023