Perspective 2030 : intensité en CO2 du PIB

Un progrès significatif mais encore insuffisant


Une accélération bien visible

L’évolution de l’intensité en CO2 du PIB mondial est la résultante de deux forces :

  • l’évolution de l’intensité en énergie primaire du PIB
  • l’évolution de la décarbonation de l’énergie.

Les deux forces vont agir complémentairement à l’horizon 2030 pour accélérer la diminution de l’intensité en CO2. Mais gardons-nous d’un optimisme excessif : le progrès rester très largement insuffisant pour limiter, comme voulu dans l’accord de Paris, le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’époque pré-industrielle.

Le graphique illustre cette accélération. Il représente l’évolution mesurée jusqu’en 2022 et l’évolution jusqu’en 2030 dans la trajectoire prudente que nous avons retenue en nous basant sur le scénario STEPS du rapport World Energy Outlook 2023 de l’AIE. La baisse devrait être en moyenne de 3,7% par an de 2022 à 2030 contre 1,6% pour la baisse de l’intensité énergétique, les nouveaux renouvelables rajoutant un effet de décarbonation de 2,1% par an.

L’accélération de la diminution est bien visible. De 2011 à 2022 le progrès avait été de 1,9% par an et de 2001 à 2011 de . . . 0,2% par an sous l’effet de la rapide croissance chinoise s’appuyant essentiellement sur le charbon. 

L’évolution de l’intensité marginale en CO2 met en évidence le plafonnement des émissions d’origine énergétique vers le milieu de la décennie puis sa légère baisse jusqu’à 2030. Cette intensité marginale devient donc négative : le PIB continue d’augmenter mais les émissions diminuent. Nous avons pris le parti, dans ce graphique de ne pas représenter l’intensité marginale après 2026 lorsqu’elle devient négative.


La baisse peut-elle encore s’accélérer ?

La réponse est oui et les deux leviers (intensité en énergie et décarbonation) peuvent y contribuer.

On se réfèrera à l’onglet y consacré pour le potentiel et les obstacles relatifs à l’intensité en énergie.

L’accélération de la décarbonation de l’énergie dépendra essentiellement de la cohérence rt de la continuité des politiques publiques :

  • l’Europe, en ce compris le Royaume-Uni, continuera-t’elle d’accélérer la décarbonation de son électricité (PV notamment résidentiel, éolien terrestre et en mer) et l’électrification (véhicule électrique, pompes à chaleur) ? Ou marquera-t’elle un ralentissement sous l’effet de la montée de tendances conservatrices voire climato-sceptiques ?
  • les USA maintiendront-ils après 2024 les politiques de transition initiées sous la présidence de Joe Biden ? Ou un retour des républicains au pouvoir s’accompagnera de la redéification des merveilleux fossiles ?
  • l’accélération sensible en Chine conduira-t’elle, comme l’annoncent les autorités, au recul du charbon ?
  • enfin on sera très attentif à la pénétration des nouveaux renouvelables dans les pays en croissance rapide que sont l’Inde, l’Indonésie ou encore le Vietnam. Les limites de leur réseau électrique y sont un contrainte forte qui fait obstacle au développement des nouveaux renouvelables. Mais la volonté politique de lever ces obstacles y est aussi fortement présente.

 
© Michel Allé
Décembre 2023